Sculpture, aujourd'hui...
Aujourd'hui, le terme de sculpture de
désigne plus un ensemble de techniques et de matériaux
précis, mais une constellation d'oeuvres singulières et
hétérogènes.
L'artiste anglais Damien Hirst expose des cadavres d'animaux dans
d'immenses containers de verre et d'acier contenant une solution de
formol. La mort s'invite au coeur d'un univers médicalisé
impuissant à la conjurer.
Jérôme
Basserode installe une sorte de manège auquel sont
accrochés deux squelettes de dromadaire. Un même mouvement
circulaire anime les ossements et les questions sans réponses
que suscite leur présence.
Katharina Fritsch détourne les codes de la sculpture
animalière en réalisant un éléphant
grandeur
nature
parfaitement imité mais dont
l'incongruité de la couleur - un vert sombre - annihile toutes
les prétentions du réalisme.
Xavier
Veilhan produit un rhinocéros rouge vif en résine
polyester. L'animal sert de prototype à
une forme lisse et
stylisée qui n'aboutit à sa propre perfection qu'en se
détachant radicalement de son modèle.
Jeff Koons installe devant l'entrée des musées Puppy un
chien géant composé de fleurs
multicolores ou
bien il
réalise une version en acier chromé des lapins gonflables
que l'on peut acheter dans n'importe quelle
fête foraine.
Panamarencko choisit
délibérément d'être en
retard sur la science de son temps. Il
réalise avec soin des
pseudo-machines volantes ou submersibles. Concrètement, ce sont
des échecs : les machines sont inutilisables.
Poétiquement, par contre, ça fonctionne.
Loris
Cecchini réalise des moulages en caoutchouc d'objets divers : un
téléphone, un ordinateur, une lampe, une porte ou bien un
piano. Toutes les choses
s'effondrent, se tordent et s'étalent
sous l'effet de leur propre poids. L'attraction terrestre et la faible
résistance que lui oppose le matériau sculpte un monde
d'objets épuisés et avachis.
Peut-on sculpter un courant d'air ? Affirmatif, répond
Saâdane Afif. Avec un peu de bois, des clous et des
feuilles de
plastique ignifugé, il
réalise une sorte de conduit
transparent reliant deux fenêtres situées de part et
d'autre d'une salle d'exposition. Le dispositif est à la fois
sonore et visuel : les feuilles de plastique bruissent et ondulent sous
l'effet du courant d'air.
Sculpter, alors, ce n'est pas figer une forme, mais susciter un
mouvement, canaliser une énergie...