Installation
Qu'elle constitue un espace à
découvrir du regard ou bien un lieu à investir
physiquement, l'installation permet de solliciter, de mêler ou de
juxtaposer différents objets, matériaux et
médiums. Elle peut se donner indifféremment comme quelque
chose à lire, à écouter, à regarder,
à sentir, à toucher.
L'artiste
Nari Ward construit ainsi une sorte de chapelle mobile. Il travaille
avec des matériaux trouvés sur le lieu même
où l'oeuvre est réalisée. Les murs sont faits de
panneaux d'albâtre filtrant la lumière. Des morceaux de
ferraille sont entassés sur le devant de l'édifice. A
l'intérieur, il y a des sièges, une table de métal
où brûlent des bougies. Des sacs de toile sont
accrochés au mur. Ils contiennent une poussière blanche,
résidu de l'incinérateur. On peut entrer, s'asseoir,
rester un moment, goûter l'atmosphère du lieu ou bien
prier.
Pascale
Marthine Tayou est originaire du Cameroun. Il travaille le plus souvent
avec des objets en plastique, ceux-là même qui ont envahi
la vie de tous les jours dans son pays : chaises, seaux, gobelets et
poubelles aux couleurs acidulées ou criardes. Leur
prolifération a fini par remplacer et faire disparaître
les objets traditionnels. Sur une structure métallique, il
accroche des sacs en plastique de toutes les couleurs. Lorsque le vent
se lève, toute l'installation s'anime tel un bruissant feuillage
recelant l'image de toutes les pollutions et de toutes les
colonisations.
Chen
Zhen récupère des lits et des chaises qu'il transforme en
tambours. Il les assemble sur une structure de bois dont
l'architecture, vue de haut, évoque la forme d'un vase chinois
sacré. Le public est invité à taper sur l'oeuvre
avec des objets, des bâtons, ou avec ses mains. La destruction
fait partie intégrante du projet artistique. Selon Chen Zhen,
l'oeuvre est une totalité organique vivante qui se compose des
tambours, des bâtons et des "percussionnistes". Ce dispositif en
tension réclame la participation du corps, du coeur et de
l'esprit. Plus l'énergie déployée par le public
est grande, plus l'oeuvre est réussie.
L'installation implique une forme de nomadisme artistique et
philosophique : elle est comme un campement que l'on monte et
démonte en tel ou tel lieu. L'oeuvre 0
géométrie variable, elle n'occupe pas l'espace mais le
structure et l'aménage. Au travers de structures limpides ou
labyrinthiques, d'interstices, elle produit des "lieux" où
circulent de concert de pensées, de significations et
d'individus.