La Biotechnologie
et
la fameuse Cloaca de Wim Delvoye
Le domaine des nouvelles technologies se
prête également à la création artistique :
pour les artistes, les sciences ne représentent pas uniquement
un sujet de réflexion, mais aussi de nouvelles
possibilités de travail, de nouveaux outils comme
matériaux.
Un mot sur les possibilités offertes par
Internet...
Les membres du groupe ARN, Action Réseaux Numériques,
conçoivent le réseau Internet comme un environnement
artistique favorisant les interventions collectives. Ils créent
des logiciels et des interfaces qui permettent à des
utilisateurs multiples de réaliser des improvisations visuelles
ou sonores, de dessiner des formes qui sont ensuite assemblées
en ligne ou bien de générer des bases de données
enrichies et modifiées par de multiples intervenants.
Les artistes de Knowbotic Research mettent à contribution les
ressources de l'informatique afin de réaliser d'immenses
installations dans lesquelles il est possible de se promener à
la fois concrètement et virtuellement. Ce sont des paysages
composés d'images et de données scientifiques que chacun
peut reconfigurer et faire évoluer.
La biotechnologie et la fameuse Cloaca
En 1999, l'artiste belge Wim Delvoye utilise les acquis de la biologie et de
la génétique pour réaliser Cloaca, une installation biotechnologique reproduisant
le cycle complet de la digestion des aliments depuis l'ingestion et la mastication
jusqu'à la défécation.
Cloaca se compose de 6 cloches de verre reliées
entre elles par des tubes, des tuyaux et des pompes.
Les aliments circulent pendant 27 heures dans ce circuit digestif
artificiel, géré par ordinateur, contenant des enzymes et
des bactéries. L'installation est maintenue à la
température du corps humain.
Cloaca est un véritable projet scientifique
dont la particularité est d'être conçu et dirigé par un artiste en collaboration
avec des chercheurs et des ingénieurs.
Enfin, il faut savoir que chaque jour un traiteur passe pour nourrir la machine
et que les déjections de Cloaca sont ensuite
scellées sous vide et vendues par correspondance.
Autres "bizarreries"
Les membres du collectif australien SymbioticA/Tissu Culture & Art
travaillent à la fois dans le domaine des sciences et de l'art.
Ils produisent des cultures cellulaires avec lesquelles ils
réalisent des poupées ou des sculptures qui se mangent.
En France, Marion Laval-Jeantet et Benoît Mangin du collectif Art
Orienté Objet réalisent avec leurs propres cellules des "cultures
de peaux d'artistes" hybridées avec du derme de cochon. Ces
fragments de peaux sont ensuite tatoués et pourraient, selon
leurs auteurs, être greffés sur un collectionneur.
Eduardo Kac modifie génétiquement certains organismes
à des fins artistiques ; il espère produire, entre
autres, un lapin fluorescent
L'artiste américain George Gessert a cessé de peindre des
fleurs pour se consacrer à un travail d'hybridation de plantes
qui sont ensuite exposées en lieu et place des tableaux.
Les artistes revendiquent un statut d'intrus, d'élément
perturbateur. Ils n'attendent pas d'être invités ou
sollicités pour s'immiscer dans les domaines
protégés de la science et de la technologie.