L’œuvre à commenter est une peinture sur bois de grandes dimensions réalisée par Gentile da Fabriano en 1423. Conservée à Florence, au Musée des Offices, ce tableau comporte 3 lunettes dans son registre supérieur et une prédelle également répartie en 3 panneaux ayant pour thèmes L’Adoration des Bergers, La Fuite en Egypte et La Présentation au Temple.
Dans les pinacles gothiques du dessus se trouvent des prophètes couchés, et dans les médaillons une Annonciation et un Christ bénissant. Le registre principal représente le Voyage et l’Adoration des mages. La scène principale se déploie à gauche, où Marie et l’enfant entourés de Joseph et de serviteurs, acceptent les présents et les hommages des 3 rois.
Cet épisode est raconté dans les Evangiles (Matthieu, 2, 1-12) et les écrits apocryphes ont enrichi ce récit de multiples anecdotes. Jésus vient de naître à Bethléem. Des mages d’Orient, qui étaient des astrologues ou des astronomes, Gaspar, Melchior (le vieillard) et Balthazar (le noir), aperçoivent une étoile plus brillante que toutes les autres. L’étoile se met en marche, les guidant jusqu’à la crèche où ils se prosternent devant le nouveau né avec leurs précieuses offrandes : Gaspar apporte l’encens, signe de divinité, Melchior l’or, signe de royauté, Balthazar la myrrhe, résine odorante qui sert à embaumer les morts et symbole du sacrifice.
Le tableau de Gentile da Fabriano nous montre les épisodes successifs de cette histoire dans les différentes parties de son tableau : l’itinéraire du cortège des rois est notamment parfaitement ordonné dans les 3 lunettes du panneau principal, qui dirigent le regard de gauche à droite : le guet de l’étoile est représenté dans la lunette de gauche, l’arrivée des voyageurs à Jérusalem dans celle du centre, leur passage par Bethléem dans celle de droite. De l’arrière à l’avant, et cette fois dans un mouvement inversé qui part de la droite pour retourner vers la gauche, les rois et leur suite conduisent leurs pas vers l’enfant Jésus. Au premier plan, à gauche, on remarque que, par leur position respective, les 3 rois décomposent le mouvement consistant à s’agenouiller devant l’Enfant. Au centre et dans l’axe du panneau principal, le plus jeune des rois, auquel on enlève les éperons, se tient debout. Le second se penche en avant et porte la main à sa couronne, tandis que le dernier, genoux à terre et tête nue, est béni par Jésus. On trouve ici le reflet de la tradition ancienne qui assimile les 3 mages aux 3 âges de la vie et aux 3 parties du monde venus rendre hommage à l’enfant Jésus : l’Europe, l’Asie et l’Afrique. Le bœuf, attentif, observe la scène, tandis que l’âne regarde ailleurs : ils symbolisent respectivement le Nouveau et l’Ancien Testament, c’est-à-dire la reconnaissance ou non du caractère divin de Jésus.
La suite des rois remplit presque la moitié du tableau avec de nombreux détails constitués d’animaux ou d’éléments de paysage. Avec leurs costumes raffinés, les personnages, très élégants, exercent une réelle séduction sur le spectateur. La particularité du tableau de Gentile da Fabriano réside en effet dans la manière dont il a saturé le champ pictural de détails anecdotiques et luxueux qui signalent le haut rang des voyageurs et témoigne d’une influence de style gothique international.
Condensé :
