Art Indiscernable


Un rideau de perles que l'on franchit (Felix Gonzales Torres). Des affiches empilées que quiconque Perles en plastique rouges et transparentes, Gonzales Torrespeut rouler et emporter avec soi. Un tas de bonbons posé au sol dans le coin d'une salle de musée (Felix Gonzales Torres).

Ce qui est offert, ce n'est pas l'oeuvre en tant que telle, mais une pluralité de situations possibles. En prenant un, deux ou une poignée de bonbons, il ne s'agit pas tant de s'approprier ne chose que de participer et d'entrer en relation ; de s'interroger aussi, peut-être, sur le sens et la portée de ses propres gestes.


Pourquoi les oeuvres devraient-elles demeurer inaccessibles ? Pourquoi ne pourrait-on pas les partager entre nous ? Pourquoi ne pourrait-on les toucher, les prendre, les déplacer ?
90 kg de bonbons, Gonzales TorresPourquoi l'oeuvre devrait-elle demeurer absolument identique à elle-même, préservée de toute intervention de notre part ?
 
Aujourd'hui de nombreux artistes proposent des situations à vivre, des expériences à faire : le 1er mai, Philippe Pareno nous invite à venir pratiquer notre hobby favori dans une usine. Pierre Huygue met à notre disposition un studio et un émetteur de télévision. Rirkrit Tiravanija installe un réchaud, une grande casserole et des sachets de soupe déshydratée. A chacun de se préparer un bol de soupe ou d'en préparer un pour autrui. Lincoln Tobier équipe des galeries de stations de radio afin de relayer sur les ondes les discussions des visiteurs. Les artistes Clegg et Guttman ouvrent une bibliothèque qui peut être enrichie des morceaux de musique préférés de chacun.

En devenant physiquement ou matériellement indiscernable, l'art place chacun en situation de collaborer, de réfléchir et de prendre part à sa propre vie comme à celles des autres.

L'art aujourd'hui plus que jamais, requiert notre pleine, entière, confiante et joyeuse participation.

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